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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/152

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Un à un, les correspondants de guerre arrivent ; bientôt nous sommes au complet, et je peux faire la connaissance de ceux qui vont partager avec moi les hasards de la campagne.

Notre groupe, un peu plus important que celui des attachés, compte dix-huit journalistes. L’élément anglo-saxon domine. Il y a huit Anglais et sept Américains ; un Italien et deux Français sont seuls à ne pas représenter la langue de Rudyard Kipling. Parmi mes futurs compagnons de voyage se trouvent quelques noms célèbres dans la spécialité. Le correspondant du Daily Telegraph, Bennet Burleigh, a déjà servi dans l’armée confédérée pendant la guerre de Sécession il y a quarante ans ; le dessinateur Melton Prior en est à sa vingt-sixième campagne. Dans le lot américain, deux romanciers, célèbres dans leur pays, sont venus au « front » chercher des impressions capables de secouer les nerfs de leurs lecteurs.

Après les formalités méticuleuses du visa des passeports au bureau militaire de Modji, on nous annonce que notre départ est définitivement fixé au lendemain 25, à midi. Le matin du grand jour, l’hôtel est sens dessus dessous.

Avant l’aurore, des fantômes khaki errent à travers les couloirs, les bagages dégringolent les escaliers. Au dehors, la grande place qui s’étend jusqu’au quai est noire de spectateurs. Toute la