Aller au contenu

Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nous une ration d’officier, consistant en riz non décortiqué, thé vert et bœuf conservé ; mais la plupart des correspondants jugeant ce menu insuffisant se sont encombrés d’une cantine tenue par un restaurateur japonais. Ce luxe coûte à chacun d’eux quinze dollars (trente-huit francs) par jour et ne paraît pas devoir leur donner entière satisfaction, n’ayant réussi pour le dîner du début qu’à leur fournir des œufs pourris et un pouding équivoque que les estomacs les plus résistants n’ont pu assimiler. Comptant sur les ressources locales, quelques conserves et l’expérience acquise au cours de trois campagnes, j’ai résolu de me tenir à l’écart et n’ai pas eu à m’en repentir, si j’en juge par les regards brillants de convoitise braqués sur mon frugal repas.

La nuit nous réservait un pénible désenchantement. Elle fut pourtant témoin de notre première bataille. Malheureusement nous jouâmes non le rôle de spectateurs, mais celui de combattants contre les insectes invisibles et cruels dont nous eûmes à repousser les assauts répétés.


Kintchéou, 1er août.

À la première heure du jour, nous nous précipitons au dehors ; dans la cour un soldat nous attend ;