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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/19

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se continue dans les rues encombrées de chariots et de coolies. N’était la course rapide des kouroumas et le trottinement des petites mousmés sur leurs socques de bois, on pourrait se croire loin du théâtre de la guerre, dans un des ports de la flegmatique Hollande.

Après avoir traversé dans toute sa longueur la voie principale de la ville, on atteint une gare assez primitive, d’où partent, toutes les heures, les trains qui font en cinquante minutes le trajet de Yokohama à Tokio. Les wagons sont bondés de Japonais joyeux et rieurs qui parlent tous à la fois, se lèvent à chaque station et se plient en deux, les mains croisées sur le ventre, pour saluer les voyageurs qui montent dans le compartiment.

Mais voici la capitale ; sur la grande place devant la station, c’est la même foule qu’à Yokohama, insouciante et active. Un bataillon est rangé en face de la station et attend l’arme au pied le moment de monter dans le train qui le conduira à Hirochima d’où les affrétés le transporteront à Tchémoulpo. Les hommes, quoique petits, ont fort belle allure dans leurs longues capotes bleu foncé toutes neuves, avec leurs sacs gris qui disparaissent sous les bidons, les gamelles et les outils de campagne revêtus de gaines noires et luisantes. Ils paraissent s’émouvoir fort peu de leur départ ; d’ailleurs personne ne fait