Aller au contenu

Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attelage, épuisé, s’arrêta devant la porte de Kaïping. Nous avions mis deux heures à franchir trois kilomètres. Les murs de la ville passés, non sans difficulté, et après l’exhibition des permis et des passeports, on nous conduisit à notre logement.

Je trouvai mes camarades installés dans une pagode, au fond d’une grande cour dallée où leurs chevaux étaient parqués. Malgré la rapidité de leurs montures, ils n’avaient pu échapper à la tempête qui les surprit à quelques centaines de mètres de la ville et faillit les noyer en arrivant au port. En attendant les bagages, ils s’étaient habillés de vêtements chinois et avaient commandé au restaurant voisin un succulent repas. Réunis autour d’un grand feu, nous soupâmes de fort bon cœur malgré les souffrances endurées et l’inquiétude que nous causait le sort de notre convoi. De cette mémorable journée, je gardai l’impression que la Chine n’est pas un pays aussi charmant que le dit la chanson, et que les déluges ont fait des progrès depuis Deucalion et Noé.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce matin, le soleil brille. Les chariots sont arrivés par petits groupes, mais dans quel état ! Les bagages sont couverts d’une croûte épaisse de boue séchée ; il faut un long travail pour les identifier. Sans écouter le triste récit des malheurs éprouvés par les boys, on déballe les colis pour se rendre compte du dégât. Un