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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/199

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Pour ma part, j’ai une acquisition bien plus importante à faire ici ; nous approchons du terrain des hostilités et je n’ai pu encore acheter de cheval. Contrairement à l’affirmation du général Mourata, il n’y en avait pas à vendre à Louchoutoung. Tous les animaux avaient été réquisitionnés pour les transports de l’armée, sauf quelques rosses impossibles à monter. Tout le long du chemin, je m’étais heurté aux mêmes difficultés. J’avais eu beau mobiliser toute l’armée des boys en promettant une commission extravagante à celui qui me ramènerait une monture, ce fut peine perdue.

Je me suis adressé ici au restaurateur chinois le plus en vue ; un de ses amis est marchand de chevaux dans la banlieue, on l’a envoyé chercher avec toute sa cavalerie disponible.

L’effectif est maigre ; quatre poneys, dont deux, boiteux, sont éliminés immédiatement. Le troisième est joli, mais beaucoup trop jeune et trop faible pour supporter un service pénible. Je passe au quatrième, ma dernière espérance. Ses jambes sont saines, il est remarquablement robuste, quoique fort disgracieux. Je le fais essayer devant moi, puis je le monte moi-même et le galope dans la rue encombrée de Chinois au risque d’écraser les spectateurs. L’épreuve est satisfaisante en tous points ; j’achète séance tenante l’animal pour la somme fantastique