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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/219

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chambre obscure un grand vieillard à barbe grise ; je vis de suite qu’il était mourant. Il parvint à balbutier quelques paroles ; il était le missionnaire français de la ville, et, très éprouvé par la dysenterie, me supplia de lui trouver un médecin. Je courus aussitôt chez M. Tanaka et lui confiai mon embarras, car je ne connaissais personne à Haïtcheng. Je commis à cette occasion une « gaffe » formidable ; en exposant la situation du missionnaire, je dis : « il faut bien faire quelque chose pour ce malheureux, il est le seul blanc de la ville. » Mon interlocuteur esquissa une grimace. Il n’y avait aucune ambulance dans les environs, mais lui-même avait étudié en France la médecine aussi bien que le droit et m’accompagna auprès du malade.

Le vieillard s’affaiblissait de plus en plus. Il n’était plus capable de parler ni d’absorber les médicaments que M. Tanaka lui apportait.

Le soir même il s’éteignit sans avoir repris connaissance. Arrivé à Haïtcheng, il y a trente-trois ans, il n’était jamais depuis lors retourné dans son pays.


Haïtcheng, 14 août.

Aujourd’hui tous les retardataires sont arrivés et avec eux mes bagages intacts. L’installation était