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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/251

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autorise aujourd’hui à circuler librement dans les environs. J’ai été le seul à profiter de la permission. J’ai sellé mon poney dès l’aurore, et, pour ne pas m’égarer, je me suis tenu en vue de la voie ferrée.

L’armée a fait pas mal de chemin pendant la nuit. Ce n’est que sur la rive opposée du Tchaho (une rivière sur deux porte ce nom en Mandchourie) que je rencontre les premiers cantonnements. En traversant un des villages, je m’entends appeler et j’ai le vif plaisir de reconnaître le major Tatchibana, mon ami de Haïtcheng. Il me montre son bataillon dont une partie est cantonnée dans les fermes chinoises ; le reste doit se contenter comme abri des petites tentes que les hommes portent par morceaux sur leurs sacs.

— Je n’ai pas été engagé à Anchantien, dit le commandant, mais, depuis trois jours, nous n’avons guère dormi. Vous voyez, on se rattrape ferme, ajoute-t-il, en indiquant les soldats couchés sous les toiles. D’ailleurs, c’est maintenant notre tour de marcher en première ligne et ça va chauffer. Anchantien n’était qu’un prologue, demain commencera la grande bataille. Nous entamerons la marche d’approche dès ce soir. Regardez en face de vous ces hauteurs, ce sont les positions des Russes. Il y a quatre mois qu’ils y travaillent et ils en ont fait de véritables forteresses. Elles nous coûteront cher.

Et il soupira.