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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/266

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sommes encore bien loin de l’action. À nos pieds, s’étend un village ; au delà, à un kilomètre environ, devant un second groupe de fandzas, une batterie japonaise tire des salves périodiques. Les Russes lui répondent, et leurs obus fusants éclatent au-dessus des maisons.

— C’est là qu’il faut aller, dis-je à mes camarades ; nous traverserons le village et irons nous établir sur la colline qui se trouve de l’autre côté. Nous serons à la fois plus près et plus haut qu’ici.

Ma proposition ne sourit guère aux deux journalistes ; ils veulent rester et allèguent la fatigue des chevaux auxquels les bons Chinois viennent de donner une botte de fourrage. Je finis pourtant par les persuader, et nous nous portons de nouveau en avant.

Entre les deux villages, il n’y a d’autre chemin qu’une brèche étroite dans le sorgho, encore devons-nous la partager avec une colonne d’infirmiers marchant sur deux rangs dans la boue. À moitié route, mon cheval glisse, s’abat ; la sangle casse, et la selle passe avec moi par-dessus la tête de l’animal pour atteindre les reins d’un malheureux médecin. Il se relève en même temps que moi, rit de notre commune mésaventure, m’aide à resseller avec la sangle de rechange et court rejoindre ses hommes. Je trotte derrière lui pour trouver à quelques pas de là mes