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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/305

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Grâce à l’amble rapide de mon infatigable petit poney, j’arrivai aux ouvrages L-M quelques minutes avant les bataillons japonais et je pus les examiner à loisir en compagnie d’un adjudant-major et du colonel du 41e régiment. Les fusiliers sibériens avaient pu enlever leurs blessés et même leurs morts, et ne laissaient comme trophées aux vainqueurs que des monceaux de munitions et une profusion de cartes à jouer qui tapissaient le sol des tranchées.

L’infanterie japonaise, qui nous rejoignit bientôt, ne fut pas longue à s’installer et à dresser ses couverts de toile ; tout indiquait que la garnison de Liaoyang ne viendrait pas les troubler dans leur pacifique besogne. Je les quittai pour rejoindre les autres régiments de la 5e division, déjà disparus dans les villages qui s’étendent jusqu’au cours du Taïtsého. Lorsque j’y arrivai à mon tour, la première ligne s’était déjà déployée face à la ville et gagnait lentement du terrain en avant sous l’insuffisante protection des batteries de montagne. Je me dirigeai vers l’une de celles-ci ; le colonel Nagata, commandant l’artillerie de la division, se trouvait là. Il vint au-devant de moi, se nomma et me fit les honneurs avec une courtoisie parfaite. Il me présenta par ordre de grade tous les officiers présents :

— Voici le lieutenant-colonel X…, mon collaborateur dévoué ; le commandant Y…, qui sort de