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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/325

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tallait l’état-major de la deuxième armée. C’est là que nous devions habiter pendant notre séjour à Liaoyang.


Liaoyang, 7 septembre.

La ville russe de Liaoyang est bâtie entre la voie ferrée et l’enceinte murée, autour de la pagode coréenne. Les maisons n’ont été ni détruites ni incendiées, mais elles sont complètement vides. Dans les rues, d’énormes tas de grains fument encore, malgré les efforts des Japonais pour éteindre le feu, qui les consume lentement. Les jolies tentes vertes et blanches des Russes ont été lacérées, et leurs lambeaux claquent au vent. Partout, des boutiques nues, surtout des restaurants et des ateliers de photographes. Près des murs, sur une bicoque abandonnée et trouée d’un obus, je lis cette enseigne tristement ironique : « Château des Fleurs. » C’était là que les officiers russes venaient chercher l’oubli de leurs maux, parmi les bouteilles de Champagne et les sourires de dames âgées, mal rajeunies par des montagnes de fard. Aujourd’hui, plus de chansons ni de bouchons qui sautent. Çà et là, on voit encore les cadavres de fusiliers sibériens qui se sont traînés blessés jusqu’ici, et sont tombés sans avoir pu