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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/35

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bien pis encore pour la Russie, dont le seul moyen de communication avec sa base de ravitaillement est la ligne du Transsibérien, à voie unique, encore interrompue au passage du Baïkal. Cette seule considération l’obligera à limiter l’effectif de l’armée qu’elle mettra en présence de l’ennemi.

D’autres difficultés, avec lesquelles les Russes seront également forcés de compter, contribueront à rétablir dans une certaine mesure l’équilibre numérique entre les belligérants. Le grand empire continental, souffrant de l’étendue même de son territoire, se verra forcé de maintenir pendant toute la durée de la guerre des corps d’observation sur ses frontières d’Allemagne, d’Autriche-Hongrie et de Roumanie, et de laisser un contingent important en Transcaucasie. Quant aux confins de l’Afghanistan, non seulement aucun homme n’en sera retiré, mais on assure même, aux dernières nouvelles, que des troupes supplémentaires y seront envoyées et que le général Tchierpinsky, le vainqueur des bandes mandchoues en 1901 et un des meilleurs généraux du Tsar, accompagnera les renforts au Turkestan.

Ainsi la Russie devra surveiller une ligne frontière longue de plusieurs milliers de kilomètres et se tenir prête à parer à toute éventualité de quatre côtés différents : vers les Balkans, l’Arménie, la Perse et les Indes. De plus, à l’intérieur même de son vaste