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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/44

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Comment les unités de seconde ligne sont-elles employées ? Sont-elles réparties entre les divisions actives, ou les groupe-t-on pour former des divisions indépendantes dont l’existence est cachée au public ? C’est ce que tous les officiers japonais auxquels j’ai posé la question ont refusé de m’apprendre.

J’ai manifesté alors l’intention de me rendre à Oudjina, le port d’embarquement des troupes. Mais on m’a averti qu’un pareil voyage pourrait amener les autorités à me retirer mon permis. Un de nos collègues qui en revient n’a rien pu voir, a été suivi constamment par une meute d’agents de police ; on l’a même arrêté plusieurs fois.

J’ai remarqué que depuis que j’ai parlé de mobilisation on se montre encore plus défiant à mon égard que par le passé. Je n’ai pu obtenir de visiter aucun établissement militaire, même pas le collège des Cadets qu’avant la guerre on montrait à tout venant. Il y a quelques jours, j’ai constaté avec surprise que ma correspondance m’arrivait en deux lots à vingt-quatre heures d’intervalle ; le premier contenait les journaux et les cartes postales, le second tous les plis sous enveloppe. Ce fait s’étant reproduit à chaque courrier, j’en ai été amené à conclure que je ne suis plus le premier à lire mes lettres et que la police désire recueillir avant moi les nouvelles de la santé de mes amis de France. Aussi me vois-je contraint