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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/65

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ont quarante-huit coups légaux à leur disposition. Après une parade des deux troupes, l’impresario, d’une voix dolente, donne lecture du programme, et le premier groupe se prépare au combat. Nus jusqu’à la ceinture, qu’entoure un tablier de couleur, les concurrents jettent devant eux une poignée de sel destinée à leur porter bonheur. Puis après s’être salués en grimaçant, sur le signal de l’arbitre, ils se jettent l’un sur l’autre et s’empoignent par les épaules. Le croc-en-jambe étant parfaitement licite, les deux lutteurs s’arc-boutent en écartant les pieds, front contre front comme deux béliers en bataille. Le public observe un silence religieux ; on n’entend que le souffle oppressé des adversaires dont les muscles se gonflent de plus en plus. Soudain une poussée un peu plus vive désunit le groupe figé jusqu’alors et envoie le champion d’Osaka rouler sur le sable. Le public trépigne de joie, quelques amateurs lancent cannes et chapeaux dans l’arène ; le vainqueur ramasse ces objets et les rend à leur propriétaire en échange d’un cadeau en argent. Tout l’après-midi, les luttes se poursuivent, le public se passionne, applaudit, siffle sans partialité, et se livre souvent à de violentes manifestations contre les jugements de l’arbitre.

Le dernier combat met en présence les deux meilleurs représentants de Tokio et d’Osaka, la « Glycine