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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/76

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Nous ne faisons que traverser la petite ville de Yokosouka. C’est le plus ancien des ports de guerre japonais et le premier arsenal de l’empire ; il a été fondé par un ingénieur français, M. Verny. Mais depuis il a fait moins de progrès que Sassebo ou Kouré, et comme on ne veut nous laisser voir que ce qu’il y a de mieux, on nous embarque immédiatement sur les chaloupes à vapeur amarrées au quai. À peine avons-nous le temps d’entrevoir le bizarre petit port, qui s’est développé au point de s’étendre aujourd’hui sur trois baies distinctes, reliées par des coupures pratiquées à travers des rochers à coups de dynamite, pour laisser les torpilleurs se rendre d’un bassin à l’autre sans les obliger de passer par la haute mer.

Nous montons à bord. L’amiral Inouye, préfet maritime, vieux samouraï de Salzouma que trente années d’efforts n’ont pas réconcilié avec l’uniforme européen, nous attend à la coupée. Il nous souhaite bon voyage, tandis qu’une musique militaire croise sans cesse autour de nous, en s’époumonnant de son mieux. On lève l’ancre au milieu de frénétiques acclamations, rythmées à la mesure de l’hymne national japonais et à peine atténués par un inexorable déluge.

Le premier soin de tout passager est d’explorer sa nouvelle demeure. En accomplissant ce devoir, je