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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/95

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Il a télégraphié à l’état-major général à Tokio, d’où on lui a répondu d’aller mouiller à Matsouyama en attendant de nouveaux ordres. Pendant la courte traversée, nos compagnons de voyage ont la satisfaction de croiser le Tosa-Marou, un des transports que l’on croyait perdus, et qui ramène une vingtaine de naufragés de l’Hitatchi-Marou, qu’on peut apercevoir en chemise sur le pont. On leur fait une ovation.

Matsouyama est situé sur la côte nord-ouest de l’île de Chikokou. C’est un gros bourg bizarrement construit en cercle autour d’un piton isolé au sommet duquel se dresse un vieux château fort. Ce palais était habité, au temps de la féodalité, par les daïmios de la famille Hisamatsou, dont le dernier représentant est actuellement attaché militaire à Paris.

Réputé en temps ordinaire pour les sources thermales de Dogo, situées dans un de ses faubourgs, Matsouyama emprunte aujourd’hui une célébrité passagère à la présence des soldats russes qu’on y tient en captivité. Ce sont ces malheureux qui sont appelés à dédommager les passagers du Manchon-Marou du retard imposé à leurs pérégrinations par l’engagement d’Okinochima. Les organisateurs de cette exhibition sentaient sans doute ce qu’elle avait de déplacé, car le programme de la journée, affiché sur le pont comme à l’ordinaire au moment du débarquement, passait les prisonniers sous silence et