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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/97

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rigides et lourdes à manier, où les soldats marchaient à l’attaque en masses profondes, en se sentant les coudes, et frappaient du pied en cadence pour maintenir le rythme du pas et la cohésion de leur formation compacte. C’était aussi l’époque où les fantassins enfonçaient leurs talons en terre pour résister au choc de la cavalerie qu’ils recevaient sur six rangs de baïonnettes.

Quelques marches en bois nous conduisent sous la véranda du temple, et devant nous, sur toute la profondeur de la, vaste salle, les prisonniers se tiennent debout, en ligne, raidis comme pour l’inspection d’un de leurs officiers. Ce sont bien, eux aussi, des soldats du passé et les bottes démesurées de tout à l’heure sont faites pour leur convenir. Grands et lourds de membres, ils ont des traits durs sous la forêt de cheveux blonds et la barbe longue ; de grands yeux bleus, au regard enfantin, adoucissent leur physionomie. Il paraissent perdus et sont intimidés par ces étrangers qui leur parlent un langage qu’ils ne comprennent pas. Tous d’un même mouvement automatique se tournent vers leurs sous-officiers ; au signal d’un sergent major, ils nous souhaitent la bienvenue, d’une même voix, comme au théâtre une troupe de figurants bien dressée. Je m’imagine que ces soldats avec leur haute stature doivent être superbes à la parade sous l’uniforme de