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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/132

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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


aussi, sans autre condition, pour un être raisonnable qui a conscience d’une causalité déterminée par la raison, par conséquent, d’une volonté (distincte des désirs), de la supposer au point de vue pratique, c’est-à-dire en idée, comme la condition de tous ses actes volontaires. Mais comment la raison pure peut-elle être pratique par elle-même, sans le secours d’aucun mobile étranger, c’est-à-dire, comment ce simple principe de la validité universelle de toutes ses maximes comme lois (lequel serait la forme d’une raison pure pratique) peut-il, sans aucune matière (aucun objet) de la volonté, à quoi on puisse déjà prendre quelque intérêt, fournir par lui-même un mobile, et produire un intérêt purement moral, ou, en d’autres termes, comment la raison pure peut-elle être pratique, c’est ce qu’aucune raison humaine n’est capable d’expliquer, et ce serait peine perdue que de chercher cette explication.

C’est comme si je cherchais à expliquer comment la liberté même est possible comme causalité d’une volonté. Car ici j’abandonne l’explication philosophique, et je n’en ai point d’autre. Je pourrais, il est vrai, me lancer à l’aventure dans le monde intelligible, qui me reste encore, mais, quoique j’en aie une idée, qui n’est pas sans fondement, je n’en ai pourtant pas la moindre connaissance, et, quelque effort que fasse ma raison, avec toute sa puissance naturelle’, je ne puis espérer d’en obtenir aucune. Il ne signifie pour moi que quelque chose qui reste, lorsque j’ai retranché, du nombre des principes qui peuvent déterminer ma volonté, ce qui