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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/141

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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


donne aux idées de Dieu et de l'immortalité, au moyen du concept de la liberté, de la réalité objective, en nous accordant le droit, et même en nous imposant la nécessité subjective (en faisant à la raison pure un besoin) de les admettre, mais sans étendre le moins du monde la connaissance théorique de la raison. Seulement la possibilité, qui était auparavant un problème, devient maintenant une assertion, et c’est ainsi que l’usage pratique de la raison se lie aux éléments de son usage théorique. Et ce besoin n’est pas un besoin hypothétique, résultant d’un dessein arbitraire de la spéculation, comme la nécessité où l’on est d’admettre quelque chose, lorsqu’on veut pousser jusqu’au bout l’usage de la raison dans la spéculation ; mais c’est un besoin légitime d’admettre quelque chose sans quoi ne peut avoir lieu ce que nous devons indispensablement nous proposer pour but de nos actions.

Il serait sans doute beaucoup plus agréable pour notre raison spéculative de pouvoir résoudre ces problèmes par elle-même et sans ce détour, et de pouvoir d’avance tenir cette solution toute prête pour l’usage pratique, mais notre faculté de spéculation n’a pas été si favorablement traitée. Ceux qui se vantent de posséder des connaissances si élevées devraient bien ne pas les garder pour eux-mêmes, et ne pas craindre de les soumettre à l’examen public. Veulent-ils les démontrer ; eh bien, qu’ils les démontrent donc, et la critique, les proclamant vainqueurs, déposera toutes ses armes à leurs pieds.

Quid statis ? nolint. Atqui licet esse beatis.