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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/154

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PRÉFACE.


tire. Mais Hume lui-même n’a pas étendu l’empirisme au point d’y comprendre aussi les mathématiques. Il rendait les propositions mathématiques comme purement analytiques, et, si cela était exact, elles seraient sans doute encore apodictiques, mais on n’en pourrait rien conclure relativement à la faculté qu’aurait la raison de porter aussi des jugements apodictiques en philosophie, c’est-à-dire des jugements apodictiques qui seraient synthétiques (comme le principe delà causalité). Que si on admet un empirisme universel, ou qui embrasse tous les principes, il y faut comprendre aussi les mathématiques.

Or, si les mathématiques sont en contradiction avec la raison qui n’admet que des principes empiriques, comme cela est inévitable dans l’antinomie où les mathématiques prouvent incontestablement la divisibilité infinie de l’espace, que l’empirisme ne peut accorder, la démonstration la plus évidente possible est en contradiction manifeste avec les prétendues conclusions des principes de l’expérience, et je puis demander comme l’aveugle de Cheselden : Qu’est-ce qui me trompe, la vue ou le tact ? (Car l’empirisme se fonde sur une nécessité sentie, et le rationalisme au contraire sur une nécessité aperçue.) Par où l’on voit que l’empirisme universel est un véritable scepticisme. Mais c’est à tort qu’on a attribué à Hume un scepticisme aussi général 1[1]

  1. 1 Les noms qui désignent les sectes dans lesquelles on range les philosophes ont, de tout temps, donné lieu à beaucoup de chicanes. C’est ainsi qu’on dira que N. * (* C’est à lui-même que Kant fait ici allusion.
    J.-B.) est un idéaliste, parce que, quoiqu’il déclare
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