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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/184

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DES PRINCIPES DE LA RAISON PURE PRATIQUE.

et, par conséquent, nous nous la représentons a priori comme une proposition catégoriquement pratique, qui détermine objectivement la volonté d’une manière absolue et immédiate (par la règle pratique même qu’elle exprime, et qui, par conséquent, a ici force de loi). En effet c’est la raison pure qui, étant pratique par elle-même, est ici immédiatement législative. La volonté est conçue comme indépendante de toutes conditions empiriques, par conséquent, comme volonté pure, comme déterminée par la simple forme de la loi, et ce principe de détermination est considéré comme la condition suprême de toutes les maximes. La chose est assez étrange, et il n’y a rien de semblable dans tout le reste de la connaissance pratique. En effet la pensée a priori d’une législation universelle possible, cette pensée qui, par conséquent, est purement problématique, nous est ordonnée absolument comme une loi, sans que l’expérience ou quelque volonté extérieure y entre pour rien. Mais ce n’est pas non plus un de ces préceptes d’après lesquels il faut faire telle chose, pour obtenir tel effet désiré (car alors la règle dépendrait toujours de conditions physiques), mais une règle qui détermine a priori la volonté, quant à la forme de ses maximes, et dès lors il n’est pas impossible de concevoir au moins, comme un principe de détermination puisé dans la forme objective d’une loi en général, une loi qui ne s’applique qu’à la forme subjective des principes. On peut appeler la conscience de cette loi un fait[1] de la raison, car on ne peut le conclure par voie

  1. Factum.