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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/267

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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


cepts, d’un mobile, d’un intérêt et d’une maxime, ne peuvent s’appliquer qu’à des êtres finis. Ils supposent tous une limitation dans la nature de l’être auquel ils s’appliquent ; car ils supposent que la volonté de cet être ne s’accorde pas d’elle-même subjectivement avec la loi objective d’une raison pratique, et que, rencontrant dans sa nature même un obstacle qui s’oppose à l’accomplissement de cette loi, elle a besoin d’y être poussée par quelque moyen. Ils ne peuvent donc pas s’appliquer à la volonté divine.

Il y a quelque chose de si singulier dans le respect infini de la loi morale, de cette loi pure, indépendante de tout avantage, qu’impose à notre conduite la raison pratique, dont la voix fait trembler le plus hardi scélérat et le contraint à se cacher, qu’on ne peut s’étonner de trouver impénétrable à la raison spéculative cette influence d’une idée purement intellectuelle sur le sentiment, et d’être forcé de se contenter de pouvoir encore si bien voir a priori que ce sentiment est inséparablement lié à la représentation de la loi morale en tout être raisonnable fini. Si ce sentiment de respect était pathologique, et si, par conséquent, c’était un sentiment de plaisir fondé sur le sens intérieur, il serait inutile de chercher à découvrir une liaison entre ce sentiment et quelque idée a priori. Mais il ne concerne que l’ordre pratique, et ne s’attache à la représentation d’une loi que pour sa forme et non pour quelque objet correspondant ; par conséquent, il ne peut être rapporté ni au plaisir, ni à la douleur, quoiqu’il produise un intérêt, lié à l’accomplissement de cette loi, et que nous