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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/278

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DES MOBILES DE LA RAISON PURE PRATIQUE


et l’amour-propre, qui tous deux oublient aisément leurs limites.

Devoir ! mot grand et sublime, toi qui n’as rien d’agréable ni de flatteur, et commandes la soumission, sans pourtant employer, pour ébranler la volonté, des menaces propres à exciter naturellement l’aversion et la terreur, mais en te bornant à proposer une loi, qui d’elle-même s’introduit dans l’âme et la force au respect (sinon toujours à l’obéissance), et devant laquelle se taisent tous les penchants, quoiqu’ils travaillent sourdement contre elle ; quelle origine est digne de toi ! Où trouver la racine de ta noble tige, qui repousse fièrement toute alliance avec les penchants, cette racine où il faut placer la condition indispensable de la valeur que les hommes peuvent se donner à eux-mêmes !

Elle ne peut être que ce qui élève l’homme au dessus de lui-même (comme partie du monde sensible), ce qui le lie à un ordre de choses purement intelligible, auquel est soumis tout le monde sensible, et avec lui l’existence empirique de l’homme dans le temps et l’ensemble de toutes les fins (en tant qu’il s’accorde avec des lois pratiques absolues, telles que la loi morale). Elle ne peut être que la personnalité, c’est-à-dire la liberté, ou l’indépendance de tout le mécanisme de la nature, considérée comme la faculté d’un être qui appartient au monde sensible, mais qui en même temps est soumis à des lois pures pratiques qui lui sont propres, ou qui lui sont dictées par sa propre raison, et, par conséquent, à sa propre personnalité, en tant qu’il appartient au monde intelligible. Il ne