Aller au contenu

Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
EXAMEN CRITIQUE DE L'ANALYTIQUE


causalité libre, qui, dès la première jeunesse, exprime son caractère par des phénomènes (par des actions) qui lui sont propres. Ceux-ci, à cause de l’uniformité de la conduite, forment un enchaînement naturel, mais cet enchaînement ne rend pas nécessaire la méchanceté de la volonté ; il est au contraire la conséquence du choix volontaire de mauvais principes devenus immuables, et, par conséquent, il n’en est que plus coupable et plus digne de punition.

Mais l’union de la liberté avec le mécanisme de la nature dans un être, qui appartient au monde sensible, présente encore une difficulté, et cette difficulté, même après qu’on a accordé tout ce qui précède, la menace d’une ruine entière. Toutefois en ce danger une circonstance nous fait espérer une issue heureuse pour le dogme de la liberté, c’est que cette difficulté pèse beaucoup plus fortement (en réalité uniquement, comme nous le verrons bientôt) sur le système qui tient l’existence déterminable dans le temps et dans l’espace pour l’existence des choses en soi, que, par conséquent, elle ne nous force pas à abandonner notre supposition capitale de l’idéalité de l’espace, que nous considérons comme une pure forme de l’intuition sensible, partant comme un pur mode de représentation, propre au sujet en tant qu’il appartient au monde sensible, et qu’ainsi tout ce qu’elle demande, c’est que l’on concilie la liberté avec cette idée.

Si l’on nous accorde que le sujet intelligible peut être libre relativement à une action donnée, quoique, comme sujet appartenant au monde sensible, il soit