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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/302

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EXAMEN CRITIQUE DE L'ANALYTIQUE


une main étrangère. C’est pourquoi je ne vois pas comment ceux qui persistent à regarder l’espace et le temps comme des déterminations appartenant à l’existence des choses en soi croient éviter ici la fatalité des actions, ou comment, quand ils n’admettent le temps et l’espace (ainsi que fait Moïse Mendelsohn, cet esprit d’ailleurs si pénétrant) que comme des conditions nécessairement inhérentes à l’existence des êtres finis et dérivés, et placent l’être infini au-dessus de ces conditions, ils prétendent justifier la distinction qu’ils établissent ici, comment même ils espèrent échapper à la contradiction où ils tombent en regardant l’existence dans le temps comme une détermination nécessairement inhérente aux choses finies, considérées en elles-mêmes : car, pour eux, Dieu est la cause de cette existence, mais il ne peut être celle du temps (ou de l’espace) même (puisque celui-ci doit être supposé comme condition nécessaire a priori à l’existence des choses), et, par conséquent, sa causalité, relativement à l’existence de ces choses, doit être soumise elle-même à la condition du temps, ce qui est inévitablement en contradiction avec les concepts de son infinité et de son indépendance. Au contraire il nous est très-facile de distinguer l’existence divine, en tant qu’indépendante de toutes les conditions du temps, de l’existence d’un être du monde sensible, en considérant la première comme l’existence d’un être en soi, et la seconde comme l’existence d’un phénomène *[1]. Mais, quand on n’admet pas cette idéalité du

  1. * Ding in der Erscheinung.