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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/319

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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


être ait besoin du bonheur, et qu’il en soit digne, sans pourtant y participer, c’est ce que nous ne pouvons regarder comme conforme à la volonté parfaite d’un être raisonnable tout-puissant, lorsque nous essayons de concevoir un tel être. Le bonheur et la vertu constituent donc ensemble la possession du souverain bien dans une personne, mais avec cette condition que le bonheur soit exactement proportionné à la moralité (celle-ci faisant la valeur de la personne et la rendant digne d’être heureuse). Le souverain bien d’un monde possible, constitué par ces deux éléments, représente le bien tout entier, le bien complet ; mais la vertu y est toujours, comme condition, le bien suprême, parce qu’il n’y a pas de condition au-dessus d’elle, tandis que le bonheur, qui est sans doute toujours quelque chose d’agréable pour celui qui le possède, n’est pas par lui-même bon absolument et à tous égards, et suppose toujours, comme condition, une conduite moralement bonne.

Deux déterminations nécessairement liées dans un concept y doivent être dans le rapport de principe à conséquence, et cela peut avoir lieu de deux façons : cette unité est considérée ou bien comme analytique (comme une liaison logique), ou bien comme synthétique (comme une liaison réelle) ; dans le premier cas, on suit la loi de l’identité ; dans le second, celle de la causalité. D’après cela on peut comprendre l’union de la vertu avec le bonheur de deux manières : ou bien la pratique de la vertu et la recherche raisonnable du bonheur ne sont pas deux choses différentes, mais tout