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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/366

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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


suprême. Comme nous ne pouvons connaître qu’une petite partie de ce monde, et comme à plus forte raison nous ne pouvons le comparer avec tous les mondes possibles, nous pouvons bien conclure de l’ordre, de la finalité et de la grandeur que nous y trouvons une cause sage, bonne, puissante, etc., mais non pas souverainement sage *[1], souverainement bonne **[2] souverainement puissante ***[3], etc. On peut accorder aussi que nous avons bien le droit de combler cette inévitable lacune par une hypothèse tout à fait raisonnable et légitime, c’est-à-dire que, quand nous voyons dans toutes les choses, dont nous pouvons acquérir une connaissance approfondie, éclater la sagesse, la bonté, etc., nous pouvons bien supposer qu’il en est de même de toutes les autres, et que, par conséquent, il est raisonnable d’attribuer à l’auteur du monde toute perfection possible ; mais ce ne sont pas là des conclusions où nous puissions vanter nos lumières ; ce sont seulement des droits qu’on peut bien nous accorder, mais dont nous ne pouvons faire usage, sans chercher ailleurs un appui. Le concept de Dieu, dans les limites de la méthode empirique (de la physique), est donc un concept qui n’est pas exactement déterminé quant à la perfection de l’être premier, en sorte que nous ne pouvons le regarder comme adéquat au concept de la divinité (quant à la métaphysique transcendentale, il n’y a rien à en attendre ici).

Mais, si je cherche à rapprocher ce concept de l’ob-

  1. * Allwissenheit.
  2. ** Allgütigkeit.
  3. *** Allmacht.