Aller au contenu

Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
389
DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.

satisfaction, et, éclairé » par la réflexion, leur plus grande et leur plus durable satisfaction possible, ou ce qu’on appelle le bonheur ; la loi morale parlerait ensuite, afin de retenir ces penchants dans les bornes convenables, et même afin de les soumettre tous à une fin plus élevée, indépendante elle-même de tout penchant. Mais, à la place de cette lutte que l’intention morale a maintenant à soutenir avec les penchants, et dans laquelle, après quelques défaites, l’âme acquiert peu à peu de la force morale, Dieu et l’éternité, avec leur majesté redoutable, seraient sans cesse devant nos yeux (car ce que nous pouvons parfaitement prouver a pour nous une certitude égale à celle des choses dont nous pouvons nous assurer par nos yeux. Nous éviterions sans doute de transgresser la loi, nous ferions ce qui est ordonné ; mais, comme l’intention d’après laquelle nous devons agir ne peut nous être inspirée par aucun ordre tandis qu’ici l’aiguillon de notre activité serait devant nous, qu’il serait extérieur, et que, par conséquent la raison ne chercherait plus seulement dans une vivante représentation de la dignité de la loi une force de résistance contre les penchants, la plupart des actions, extérieurement conforme à la loi, seraient dictées par la crainte, et presque aucune par le devoir, et elles perdraient cette valeur morale qui seule fait le prix de la personne et celui même du monde aux yeux de la suprême sagesse. La conduite de l’homme, tant que sa nature resterait comme elle est aujourd’hui, dégénérerait donc un pur mécanisme, où, comme dans un jeu de


24