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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/387

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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


paraison, rabaisse beaucoup notre présomption dans les choses morales et n’enseigne pas seulement la modestie, mais la fait sentir à quiconque s’examine sévèrement soi-même. Cependant les défenseurs de la pureté des intentions dans les exemples donnés montrent le plus souvent, que, s’ils se plaisent, par tout où il y a présomption en faveur de la droiture de l’intention, à la montrer pure de toute tache, même la plus légère, c’est de peur que, en rejetant tous les exemples comme faux et en niant la pureté de toute vertu humaine, on ne finisse par regarder celle-ci comme un fantôme, et par mépriser tout effort tenté en ce sens comme une vaine affectation et comme une présomption trompeuse.

Je ne sais pas pourquoi les instituteurs de la jeunesse n’ont pas depuis longtemps déjà mis à profit ce penchant de la raison qui nous fait trouver du plaisir à soumettre à l’examen le plus subtil les questions pratiques qu’on nous propose, et pourquoi, après avoir pris pour fondement un catéchisme purement moral, ils n’ont pas cherché dans les biographies des temps anciens et modernes des exemples de tous les devoirs prescrits par ce catéchisme, afin d’exercer par l’examen de ces exemples, et surtout par la comparaison d’actions semblables faites en des circonstances diverses, le jugement des enfants à discerner le plus ou moins de valeur morale des actions. C’est là en effet un exercice où la jeunesse montre beaucoup de pénétration, alors même qu’elle n’est encore mûre pour aucune espèce de spéculation, et où elle trouve