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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/57

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FONDEMENTS

L’impératif hypothétique exprime seulement que telle action est bonne pour quelque but possible ou réel. Dans le premier cas, le principe est problématiquement pratique ; dans le second, assertoriquement. L’impératif catégorique, qui présente l’action comme objectivement nécessaire par elle-même et indépendamment de tout autre but, est un principe (pratique) apodictique.

On conçoit que tout ce que les forces d’un être raisonnable sont capables de produire puisse devenir une fin pour quelque volonté, et, par conséquent, les principes qui présentent une action comme nécessaire pour arriver à une certaine fin, qu’il est possible d’atteindre par ce moyen, sont dans le fait infiniment nombreux. Toutes les sciences ont une partie pratique qui se compose de propositions où l’on établit qu’une certaine fin est possible pour nous, et d’impératifs qui indiquent comment on y peut arriver. Ceux-ci peuvent donc être appelés en général des impératifs de l’habileté *[1]. La question ici n’est pas de savoir si le but qu’on se propose est raisonnable et bon, il ne s’agit que de ce qu’il faut faire pour l’atteindre. Les préceptes que suit le médecin, qui veut guérir radicalement son malade, et ceux que suit l’empoisonneur, qui veut tuer son homme à coup sur, ont pour tous deux une égale valeur, en ce sens qu’ils leur servent également à atteindre parfaitement leur but. Comme on ne sait pas dans la jeunesse quels buts l’on pourra avoir

  1. * Geschlichkeit