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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/83

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FONDEMENTS


tion de tous les hommes) n’est pas dérivé de l'expérience ; car premièrement, il est universel, puisqu’il s’étend à tous les êtres raisonnables en général, ce qu’aucune expérience ne peut faire ; secondement, il ne nous fait pas concevoir l’humanité comme une fin humaine (subjective), c’est-à-dire comme un objet dont on se fait réellement à soi-même un but, mais comme une fin objective, à laquelle doivent être subordonnées toutes les fins subjectives, quelles qu’elles puissent être, comme à leur loi ou à leur suprême condition, et qui, par conséquent, doit dériver de la raison pure. Le principe de toute législation pratique réside objectivement dans la règle ou dans la forme universelle qui (d’après le premier principe) lui donne le caractère de loi (de loi de la nature), et subjectivement, dans la fin. Or le sujet de toutes les fins, c’est (d’après le second principe) l’être raisonnable, comme fin en soi. De là le troisième principe pratique de la volonté, comme condition suprême de sa conformité avec la raison pratique universelle ; à savoir l’idée de la volonté de tout être raisonnable comme législatrice universelle *[1].

D’après ce principe il faut rejeter toutes les maximes qui ne peuvent s’accorder avec la législation universelle propre à la volonté. La volonté ne doit donc pas être considérée simplement comme soumise à une loi, mais comme se donnant à elle-même la loi, à la quelle elle est soumise, et comme n’y étant soumise qu’à

  1. * Die idee des Willens jedes vernünftigen Wesens als einen allgemein geselzgebenden Willens.