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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/92

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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


d’elles contient les deux autres. Cependant il y a entre elles une différence qui est plutôt subjectivement qu’objectivement pratique, et qui consiste en ce qu’elles rapprochent toujours davantage une idée de la raison de l’intuition (suivant une certaine analogie), et par là du sentiment. Chaque maxime a :

1. Une forme, qui consiste dans l’universalité, et, sous ce rapport, on a la formule de l’impératif catégorique, qui veut que l’on choisisse ses maximes comme si elles devaient avoir la valeur de lois universelles de la nature.

2. Une matière, c’est-à-dire une fin, et de là la formule d’après laquelle l’être raisonnable étant, par sa nature même, une fin, par conséquent une fin en soi, doit être pour toute maxime la condition limitative de toutes les fins purement relatives et arbitraires.

3. Une détermination complète de toutes les maximes, exprimée par cette formule, savoir, que toutes les maximes qui dérivent de notre propre législation doivent s’accorder avec un règne possible des fins, comme avec un règne de la nature 1[1]. Nous suivons ici, en quelque sorte, les catégories 1° de l’unité de la forme de la volonté (de son universalité) ; 2° de la pluralité de la matière (des objets, c’est-à-dire des fins), et 3° de la totalité du système des fins. Lorsqu’il s’agit de

  1. 1 La téléologie considère la nature comme un règne des fins ; la morale, un règne possible des fins comme un règne de la nature. Là le règne des fins est une idée théorique employée pour expliquer ce qui est. Ici c’est une idée pratique servant à réaliser ce qui n’est pas, mais ce qui peut être réalisé par notre manière d’agir, conformément à cette idée même.