Page:Kant - Anthropologie.djvu/239

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une preuve de faveur, la permission aux condamnés de se faire mourir, parce qu’il y avait ainsi plus d’honneur. — Mais je n’entends point justifier la moralité de l’acte.

Le courage du guerrier est encore très différent de celui du duelliste, quoique le duel soit considéré avec indulgence par le gouvernement, et que le châtiment personnel d’une offense soit à l’armée une affaire d’honneur dont le chef ne se mêle point, sans, du reste, que cette satisfaction exigée soit ouvertement permise par la loi. — L’indulgence d’un souverain pour le duel est un principe affreux, qui manque de réflexion ; car il y a aussi des vauriens qui mettent leur vie en jeu pour valoir quelque chose, et qui sont réputés incapables de s’exposer pour la défense de la patrie.

L’intrépidité est un courage légitime, qui ne craint pas la perte de la vie lorsqu’il s’agit d’obéir au devoir. Elle n’est pas seulement un défaut de crainte, elle doit encore être accompagnée de l’assentiment moral de la conscience (mens conscia recti, comme dans le chevalier Bayard, sans peur et sans reproche).

§ LXXVII.

Des émotions qui s’affaiblissent elles-mêmes par rapport à leur fin (Impotentes animi motus).

Les émotions de la colère et de la honte ont cela de propre qu’elles s’affaiblissent elles-mêmes à l’égard de leur fin. Ce sont des sentiments d’un mal subitement