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Page:Kant - Anthropologie.djvu/298

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tels qu’ils sont réellement, nous trouverons qu’une régularité par trop précise dénote généralement un homme très ordinaire, qui est sans esprit. La mesure moyenne semble être aussi la mesure fondamentale et la base de la beauté, mais sans être, tant s’en faut, la beauté même, parce qu’il faut pour qu’il y ait beauté quelque chose de caractéristique. — Mais on peut encore rencontrer cet élément caractéristique dans un visage sans y trouver la beauté ; l’expression en est cependant avantageuse, quoique à d’autres égards (peut-être sous le rapport moral ou esthétique) on puisse y reprendre quelque chose ici ou là, au front, au nez, au menton, à la couleur des cheveux, etc., tout en convenant qu’il vaut mieux pour l’individualité de la personne qu’il n’y ait pas régularité parfaite, parce que cette régularité exclut généralement ce qui fait le caractère d’une physionomie.

Mais on ne peut appeler laide une figure qu’autant que les traits exprimeraient une âme corrompue par le vice, ou un penchant naturel, mais malheureux, à s’y livrer, par exemple un certain trait de malin sourire en parlant, ou d’effronterie sans aucune douceur qui la tempère dans la manière de regarder quelqu’un en face, et d’exprimer par là qu’on le méprise. — Il y a des hommes dont la figure (comme disent les Français) est rébarbative, avec laquelle on peut, comme on dit, envoyer coucher les enfants, ou qui ont un visage labouré par la petite vérole et grotesque, ou, suivant l’expression hollandaise, wanschapenes (comme si c’était une illusion, un rêve), mais qui cependant