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Page:Kant - Anthropologie.djvu/487

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476 APPENDICES.

convient qu'il est possible, par un événement inattendu, par une distraction agréable, en un mot, par tout ce qui distrait fortement l'âme, d'oublier ses peines corporelles. — Pourquoi une volonté ferme, la force propre de l'âme, ne pourraient-elles opérer le même effet? — Le plue grand remède contre l'hypocondrie, et contre tous les maux imaginaires, est certainement de s'objectiver soi-même; de même que la principale cause de l'hypocondrie, et son essence propre, n'est autre chose que le fait de se subjectiver en toutes choses, c'est-à-dire que le moi physique a obtenu la domination sur tout; la pensée unique, l'idée s'engendre et soumet tout le reste à cette catégorie. — Ainsi, j'ai constamment remarqué que, plus la vie d'un homme est active, c'est-à-dire que plus il s'exerce au dehors, moins il est exposé à l'hypocondrie. Les médecins praticiens nous en donnent la meilleure preuve. Ils sont continuellement occupée des maladies, et la maladie, le mal-être, sont l'objet dominant de leur* pensées. Cet état devrait donc facilement devenir aussi l'objet dominant de leur moi, et conséquemment tous les médecins devraient enfin tomber dans l'hypocondrie. Et cependant nous voyons au contraire que les médecins praticiens ne sont presque jamais affectés d'hypocondrie. — Pourquoi? Parce que, dès le commencement de leur pratique, ils s'habituent à considérer objectivement toutes les maladies, d'où il arrive qu'ils se représentent aussi de la même manière leurs affections particulières ; ils les séparent, pour ainsi dire, de leur moi véritable, pour lés considérer comme des objets du monde extérieur et de l'art. — Car le moi véritable n'est jamais malade. H.

NOTE SIXIÈME. La division la plus naturelle de la journée est certainement celle-ci : huit heures de travail, huit heures de repos, et huit heures tant pour prendre les repas que pour causer familièrement et se récréer. H. NOTE SEPTIÈME. C'est chose incroyable que le pouvoir de l'homme, même dans le physique, par la seule force de sa volonté, comme aussi par la nécessité qui peut souvent produire à elle seule cette volonté ferme. D'où vient que la classe ouvrière, poussée au travail par le besoin ou le devoir, est moins maladive que la classe des gens inoccupés? Cela provient principalement de ce que celle-là n'a pas le loisir d'être malade, et échappe ainsi à une foule de causes morbifiques; c'est-à-dire qu'elle les oublie dans le travail, et par conséquent les vainc et les surmonte en réalité, tandis que la classe oisive, au contraire, cédant aux sentiments et s'y entretenant, développe ainsi le germe des maladies. Combien de fois n'ai-je pas fait cette expérience sur moi-même, pendant la durée de ma charge, et quel homme ayant un emploi ou une vocation ne l'a pas faite ! — Combien de fois ne me suis-je pas cru, le matin, dans l'impossibilité de quitter la chambre, à cause de quelques in-