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Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/132

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70 ANALYTIQUE DE LA RAISON PURE PRATIQUE


I


DE LA DÉDUCTION DES PRINCIPES DE LA RAISON PURE PRATIQUE


Cette analytique montre que la raison pure peut être pratique, c’est-à-dire, déterminer la volonté par elle-même, indépendamment de tout élément empirique, — et elle l’établit à vrai dire par un fait (Factum), dans lequel la raison pure se manifeste (sich beweist) comme réellement pratique en nous, à savoir par l’autonomie dans le principe fondamental de la moralité, au moyen duquel elle détermine la volonté à l’action. — Elle montre en même temps que ce fait est inséparablement lié à la conscience de la liberté de la volonté ; bien plus, qu’il ne fait qu’un avec elle ; par là, la volonté d’un être raisonnable, qui, en tant qu’appartenant au monde sensible, se reconnaît, comme les autres causes efficientes, soumis nécessairement aux lois de la causalité, a cependant aussi en pratique, d’un autre côté, c’est-à-dire en tant qu’être en soi, conscience de son existence comme pouvant être déterminée dans un ordre intelligible des choses, non, à vrai dire, par une intuition particulière d’elle-même, mais en vertu de certaines lois dynamiques qui peuvent en déterminer la causalité dans le monde sensible ; car il a été suffisamment démontré ailleurs que la liberté, si elle nous est attribuée, nous transporte dans un ordre intelligible des choses.

Si maintenant nous comparons à cette analytique (damit) la partie analytique de la Critique de la raison