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Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/128

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CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


concept) comme cause ; car il s’agit là d’une relation causale particulière qui (dans les objets d’expérience) ne peut jamais être reconnue qu'a posteriori et au moyen de l’expérience même. À la vérité, dans la critique de la raison pratique, nous avons réellement dérivé a priori de concepts moraux universels le sentiment de l’estime (comme modification particulière de cette espèce de sentiment qui ne se confond pas avec le plaisir et la peine que nous recevons des objets empiriques). Là, du moins, nous pouvions sortir des bornes de l’expérience et invoquer une causalité qui reposât sur une qualité supra-sensible du sujet, à savoir la causalité de la liberté. Et pourtant ce n’était pas, à proprement parler, ce sentiment que nous dérivions de l’idée de la moralité comme de sa cause, mais seulement la détermination de la volonté. Mais l’état de l’esprit dont la volonté est déterminée par quelque motif est déjà par soi un sentiment de plaisir, ou quelque chose d’identique avec ce sentiment, et par conséquent il n’en dérive pas comme effet ; ce qu’il ne faudrait admettre que si le concept de la moralité, considérée comme un bien, précédait l’acte de la volonté déterminée par la loi ; car, sans cela, le plaisir qui serait lié au concept serait inutilement dérivé de ce concept comme d’une pure connaissance.

Or il en est de même du plaisir contenu dans le