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Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/143

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ANALYTIQUE DU BEAU


pose un concept de fin qui détermine ce que doit être la chose, et par conséquent un concept de sa perfection ; ce n’est qu’une beauté adhérente. Or, de même que le mélange de l’agréable (de la sensation) avec la beauté (laquelle ne concerne proprement que la forme) altérait la pureté du jugement de goût, le mélange du bon (ou de ce qui rend bons les éléments divers de la chose même considérée relativement à sa fin) avec la beauté nuit aussi à la pureté de ce jugement.

On pourrait ajouter à un édifice beaucoup de choses qui plairaient immédiatement à la vue, si cet édifice ne devait pas être une église, ou embellir une figure humaine par toutes sortes de dessins et de traits légèrement mais régulièrement tracés (comme font les habitants de la Nouvelle-Zélande avec leur tatouage), si cette figure ne devait pas être la figure d’un homme ; et tel homme pourrait avoir des traits plus fins et un contour de visage plus gracieux et plus doux, s’il ne devait représenter un homme de guerre.

Or la satisfaction attachée à la contemplation des éléments divers d’une chose, dans leur rapport avec la fin interne qui détermine la possibilité de cette chose, est une satisfaction fondée sur un concept ; celle, au contraire, qui s’attache à la beauté est telle qu’elle ne suppose point de concept, mais


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