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Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/281

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la finalité de la forme de cette production paraisse aussi indépendante de toute contrainte de règles arbitraires que si elle était simplement une production de la nature. C’est sur ce sentiment du jeu libre, mais harmonieux, de nos facultés de connaître que repose ce plaisir qui seul peut être universellement partagé, sans pourtant s’appuyer sur des concepts. Nous avons vu que la nature était belle quand elle faisait l’effet de l’art ; l’art à son tourne peut être appelé beau que si, quoique nous ayons conscience que c’est de l’art, il nous fait l’effet de la nature.

Qu’il s’agisse de la nature ou de l’art, nous pouvons dire généralement que cela est beau qui plaît uniquement dans le jugement que nous en portons (non dans la sensation ni au moyen d’un concept). Or l’art a toujours un dessein déterminé de produire quelque chose. Mais s’il ne s’agissait là que d’une simple sensation (quelque chose de purement subjectif) qui dût être accompagnée de plaisir, cette production ne plairait dans le jugement qu’au moyen d’une sensation des sens. D’un autre côté, si le dessein concernait la production d’un objet déterminé, l’objet produit par l’art ne plairait qu’au moyen de concepts. Dans les deux cas, l’art ne plairait pas uniquement dans le jugement, c’est-à-dire il ne plairait pas comme beau, mais comme mécanique.

Ainsi la finalité d’une production dans les beaux-