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Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/283

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sens adopté ici, les beaux-arts doivent nécessairement être considérés comme des arts du génie.

En effet tout art suppose des règles au moyen desquelles une production artistique est représentée comme possible. Mais le concept des beaux-arts ne permet pas que le jugement porté sur la beauté de leurs productions soit dérivé de quelque règle qui ait pour principe un concept, et qui, par conséquent, nous apprenne comment la chose est possible. Ainsi les beaux-arts ne peuvent pas trouver eux-mêmes la règle qu’ils doivent suivre dans leurs productions. Or, comme sans règle antérieure une production ne peut recevoir le nom d’art, il faut que la nature donne la règle à l’art dans le sujet (et cela par l’harmonie de ses facultés), c’est-à-dire que les beaux-arts ne sont possibles que comme productions du génie.

Il est facile maintenant de comprendre ce qui suit : 1° Le génie est le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée, et non pas, l’habileté qu’on peut montrer en faisant ce qu’on peut apprendre suivant une règle ; par conséquent, l'originalité est sa première qualité. 2° Comme il peut y avoir des extravagances originales, ses productions doivent être des modèles, elles doivent être exemplaires, et par conséquent originales elles-mêmes ; elles doivent pouvoir être proposées à l’imitation, c’est-à-dire servir de mesure ou de règle d’ap-