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TROISIÈME PARTIE

DE LA VICTOIRE DU BON PRINCIPE SUR LE MAUVAIS ET DE L’ÉTABLISSEMENT D’UN RÈGNE DE DIEU SUR LA TERRE.





Le combat que tout homme animé de bonnes intentions morales doit soutenir dans cette vie sous les ordres du bon principe contre les assauts du mauvais, ne peut, quelques efforts qu’il fasse, lui procurer de plus grand avantage que sa délivrance à l’égard de la domination du mal. Devenir libre, « être affranchi de l’esclavage du péché pour vivre selon la justice », c’est le gain suprême qu’il puisse faire. Il n’en reste pas moins exposé toutefois aux agressions du principe mauvais ; et pour garder sa liberté intacte, au milieu d’attaques continuelles, il doit toujours être sous les armes, prêt au combat.

Or, si l’homme se trouve dans cette situation périlleuse, il le doit à sa propre faute ; aussi est-il tenu, dans la limite du possible, de déployer au moins la force dont il dispose pour en sortir. Mais comment s’y prendre ? c’est la question. — S’il cherche les causes et les circonstances qui lui font courir ce danger et qui l’entretiennent autour de lui, il peut se convaincre aisément qu’elles proviennent moins de sa propre nature brute, celle d’un individu vivant seul,