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Page:Kant - La religion dans les limites de la raison, trad Tremesaygues, 1913.djvu/165

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DE LA VICTOIRE DU BON PRINCIPE SUR LE MAUVAIS

de maxime, la base de sa foi, c’est-à-dire qu’il parte de l’amélioration de sa vie comme de la condition suprême seule susceptible de l’amener à une croyance sanctifiante.

La foi d’Église étant une foi historique commence avec raison par le premier principe ; mais comme elle n’est que le véhicule de la foi religieuse pure (où se trouve la fin à proprement parler), il faut que ce qui, dans cette dernière, en tant que croyance pratique, joue le rôle de condition, la maxime de l’action, constitue le point de départ, et que la maxime de la science ou de la croyance spéculative (theoretischen Glaubens) se borne à confirmer et à couronner la première.

On peut là-dessus remarquer encore que le premier principe fait de la foi (à une satisfaction par procurateur) un devoir pour l’homme, tandis qu’il lui attribuerait comme une grâce la croyance à la bonne conduite, — œuvre d’une influence supérieure. — D’après le second principe, c’est le contraire. Pour lui c’est la bonne conduite, condition suprême de la grâce, qui est un devoir inconditionné, tandis que la satisfaction d’en haut est simplement une affaire de grâce. — Au premier principe on reproche (souvent non sans raison) d’ouvrir la porte à la superstition dévote qui sait allier à la religion une vie coupable ; au second, de favoriser l’impiété naturaliste qui joint une conduite par ailleurs peut-être tout exemplaire, à l’indifférence ou même à l’hostilité vis-à-vis de toute révélation. ― Mais c’est là trancher la difficulté (par une maxime pratique) au lieu de la résoudre (spéculativement), chose d’ailleurs permise incontestablement en matière de religion. — Les remarques suivantes peuvent cependant servir à calmer ces exigences théoriques. — La foi vive dans le modèle de l’humanité agréable à Dieu (la foi dans le Fils de Dieu) se rapporte, en soi-même, à une idée morale de la raison, en tant que cette idée nous sert non seulement de règle, mais encore de mobile, et, par conséquent, c’est tout un de prendre pour point