Aller au contenu

Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serein (91). 1571.
Incendie de Moscou.
Dès le matin, les Russes s’étaient courageusement préparés au combat ; tout à coup ils se virent entourés de flammes : les maisons de bois et les chaumières étaient en feu sur dix points différens. Une épaisse fumée, agitée par un vent impétueux, obscurcissait le jour, et, dans peu d’instans, la ville fut entourée d’une mer de flammes qu’aucune force humaine n’aurait pu arrêter. Le bruit, l’épouvantable mugissement de l’incendie, répandaient la terreur dans la capitale, et les habitans, les soldats éperdus, cherchant à se sauver, périssaient sous les ruines des maisons embrâsées, ou dans la foule qui se précipitait dans l’intérieur de la ville, à Kitaï-Gorod ; partout repoussés par les flammes, ils se jetaient dans la rivière, où ils trouvaient la mort. Personne ne songeait ni à commander, ni à obéir. On parvint seulement à murer la porte du Kremlin, refusant à tout le monde l’entrée de ce dernier asyle de salut, protégé par de hautes murailles. Les malheureux habitans étaient consumés ou étouffés par la chaleur et la fumée, dans les églises de pierre. Les Tatars essayèrent en vain de piller les faubourgs ; le feu les en chassa : le khan lui-même, effrayé à l’aspect de cet enfer, se retira à Kolomensky. Dans l’espace de trois heures, la ville,