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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/274

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1572. et plus fort qu’eux, soit dit en passant. Est-il étonnant que vos rois aient de l’attachement pour des sujets qui les aiment ? Les miens ont voulu me livrer entre les mains du khan : placés entre lui et moi, ils ont refusé de combattre, tandis que sans remporter la victoire, ils m’auraient au moins ménagé le temps de me préparer à une nouvelle bataille. J’aurais reçu avec reconnaissance, comme un témoignage de leur zèle, une seule flèche, un seul fouet des Tatars ! Je n’avais auprès de ma personne que six mille guerriers : toutefois le nombre supérieur de l’ennemi ne m’a point intimidé ; mais voyant la mauvaise foi de ceux chargés d’exécuter mes ordres, je me suis éloigné de ma capitale, qu’un seul millier de braves aurait pu sauver. Qu’auraient fait l’armée et le peuple, lorsque les hommes de distinction ne voulaient pas se défendre ? Le khan a incendié Moscou et l’on ne m’a pas même instruit de cet événement. Voilà les actions de mes boyards ! J’ai fait périr les traîtres, mais les traite-t-on mieux à Vilna ? Le scélérat Victorin n’y a-t-il pas été mis à mort, convaincu du projet d’attenter à la vie de notre frère Sigismond ? On a répandu le bruit que j’avais pris part à ce complot, calomnie atroce autant