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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/28

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1560 — 1561. encore sa place dans le conseil ; enfin il se retira du monde dans le couvent de Bielo-Ozéro ; mais cette retraite ne put le mettre à l’abri de la persécution. Jean écrivit aux moines pour leur reprocher, comme une insulte à la puissance de leur souverain, les égards dont ils honoraient ce boyard. Nikita Schérémétieff, son frère, membre du conseil d’État et voïévode, couvert de glorieuses blessures, fut étranglé par ordre du monarque.

La terreur régnait dans la capitale arrosée de sang ; les prisons, les monastères regorgeaient de victimes, dont les progrès croissans de la tyrannie devaient bientôt augmenter le nombre. Le présent annonçait un effrayant avenir ! Un tyran ne se corrige jamais : il devient tous les jours plus soupçonneux, plus barbare ; car le sang irrite au lieu d’étancher la soif du sang. Cette passion, la plus terrible de toutes, qui conduit à la férocité, confond l’esprit humain et peut être considérée comme une démence, fléau des peuples et des tyrans eux-mêmes. Il est curieux de voir comment ce prince, jusqu’à la fin de sa vie observateur zélé de la religion chrétienne, tâchait d’en concilier les divins préceptes avec sa cruauté inouie : tantôt il la justifiait sous une apparence d’équité, prétextant