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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/507

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1582. Muni de cette missive, le second des chefs, Jean Koltzo, premier compagnon d’Iermak dans les combats et dans les conseils, partit pour Moscou où il avait été condamné à un supplice rigoureux, comme criminel d’État, sans craindre l’arrêt solennel qui menaçait ses jours.

Ici nous préviendrons une question qui paraît assez naturelle. En annonçant aussi tard ses succès aux Stroganof, Iermak, séduit par la facile conquête de la Sibérie, ne songeait-il pas, ainsi que le supposent quelques historiens, à régner sur ce pays d’une manière indépendante ? Quoique vainqueur, ses forces diminuaient tous les jours, et le besoin de secours n’aurait-il pas été le seul et véritable motif de sa démarche auprès de Jean ? Cependant comment imaginer que ce chef prudent n’aurait pas prévu, en commençant son expédition, qu’une poignée de téméraires, abandonnés de la Russie, seraient dans deux ou trois ans anéantis par les combats ou les maladies ; que dans un climat rigoureux, ils succomberaient au milieu des déserts et d’épaisses forêts, impénétrables refuges d’une population sauvage et féroce, que les armes à feu pouvaient, seules, forcer à payer tribut aux étrangers ? Il est plus probable que n’ayant pas été témoin oculaire des faits, l’annaliste établit, sur des