Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/523

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1584. Tatars, altérés de vengeance, le placèrent sur un échafaud et en firent un but pour tirer de l’arc pendant six semaines. Le roi Koutchoum et les plus éloignés des princes Ostiaks s’étant rassemblés dans ce lieu pour jouir de cet affreux spectacle, virent avec le plus grand étonnement de nombreux oiseaux de proie voltiger au dessus du cadavre, sans oser y toucher ; des visions, des rêves effrayans, forcèrent les infidèles à enterrer le mort dans le cimetière de Beghiche, à l’ombre d’un sapin touffu. Le jour de son enterrement, ils firent rôtir et mangèrent trente bœufs en l’honneur de ses funérailles ; ensuite ils donnèrent la cotte de maille d’Iermak aux prêtres de la fameuse idole de Bélogorsk, sa cuirasse au mourza Kandaoul, son habit au prince Seïdek, et son sabre, avec le ceinturon, au mourza Karatscha. Il s’opéra beaucoup de miracles sur sa tombe, qui brillait d’une clarté éblouissante et sur laquelle paraissait une colonne de feu. Le clergé mahométan, effrayé de ces phénomènes, trouva le moyen de cacher cette tombe, que personne ne connaît aujourd’hui. Tous les détails relatifs aux exploits et à la mort d’Iermak furent donnés, en 1650, au centenier Joseph Réniézof, par un Taïscha ou prince Kalmouk, nommé Ablaï, qui brûlait du désir d’acquérir la cui-