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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/525

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1584. d’Iermak, Koutchoum n’avait pas osé cerner la ville d’Isker. Lorsqu’il apprit la fuite des Cosaques, toujours redoutables et invincibles à ses yeux, dans la forteresse comme dans leurs bateaux foudroyans, il se garda bien d’inquiéter leur navigation ; il rentra, sur les traces d’Aleï, son fils, dans sa capitale déserte, pour y rétablir sa puissance, pour réorganiser un royaume que bientôt il devait perdre de nouveau. À la vérité, il n’y restait plus de Russes, mais leurs cendres et leurs sépultures y appelaient des vengeurs. Les ombres d’Iermak et de ses compagnons invitaient les Russes à achever la facile conquête d’un pays immense qui s’étend depuis la chaîne des monts Ourals, jusqu’au nord-ouest de l’Amérique, jusqu’à l’Océan oriental. Le succès de cette entreprise devait, dans la suite des siècles, reculer les limites de la Russie jusqu’aux possessions espagnoles et lui procurer, non-seulement d’inépuisables mines de métaux, les riches produits de la chasse, un commerce d’échange avantageux avec la Chine, mais encore la gloire de civiliser des peuples sauvages. Elle y trouvait également un moyen heureux de châtier les criminels sans leur faire subir la peine de mort ; la possibilité d’utiliser leur existence au profit de l’État, en les faisant servir à peu-