Aller au contenu

Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/561

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le-Grand 1584. et Catherine II. (L’histoire n’aime pas à citer les vivans.) Comme les Grecs aux Thermopyles, d’humbles et généreux martyrs périssaient sur les échafauds, pour la patrie, la religion et la foi jurée, sans concevoir même l’idée de la révolte. C’est en vain que, pour excuser la cruauté de Jean, quelques historiens étrangers ont parlé des factions qu’elle avait anéanties : d’après le témoignage universel de nos annales, d’après tous les documens officiels, ces factions n’existaient que dans l’esprit troublé du tzar. Si les boyards, le clergé, les citoyens eussent tramé la trahison qu’on leur imputait avec autant d’absurdité que des sortiléges, ils n’auraient point rappelé le tigre de son antre d’Alexandrovsky. Non, il s’abreuvait du sang des agneaux, et le dernier regard que ses victimes jetaient sur la terre demandait à leurs contemporains, ainsi qu’à la postérité, justice et un souvenir de compassion.

Comparaison entre Jean et d’autres tyrans. Malgré toutes les explications possibles, morales et métaphysiques, le caractère de Jean, héros de vertu dans sa jeunesse, tyran sanguinaire dans l’âge mûr et au déclin de sa vie, est une énigme pour le cœur humain, et nous aurions révoqué en doute les rapports les plus authentiques sur sa vie, si les annales des autres