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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/564

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1584. jouer mieux que lui aux cartes ou aux échecs : il prétendait enfin avoir un esprit profondément politique, en détruisant par système, à des époques déterminées et avec une sorte de froid calcul, les familles les plus illustres, sous le vain prétexte qu’elles étaient dangereuses pour le pouvoir souverain ; en élevant à leur place des familles nouvelles et obscures ; en portant sa main exterminatrice jusque sur les temps à venir, car, semblables à ces nuées d’insectes malfaisans qui apportent la famine, la bande de délateurs, de calomniateurs, d’opritchniks, formée par ses soins, laissa, en disparaissant, le germe du mal parmi le peuple, et si le joug de Bâty avait abaissé l’esprit national des Russes, le règne de Jean fut sans doute bien loin de le relever.

Cependant il faut rendre justice même à un tyran. Dans les accès du mal, Jean montrait quelquefois encore le simulacre d’un grand monarque, zélé, infatigable, faisant preuve d’une grande pénétration dans les affaires. Il aimait à se comparer à Alexandre-le-Grand, pour les vertus guerrières, lui qui n’avait pas l’ombre de courage dans l’âme, ce qui ne l’empêcha pas de passer pour conquérant. Quant à la politique extérieure, il suivit scrupuleusement