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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/604

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de la magnificence asiatique. C’est ainsi qu’ordinairement, le 12 décembre, Jean sortait à cheval, de Moscou, pour assister à l’exercice à feu ; cinq mille strélitz d’élite, sur cinq de front, ouvraient la marche. Venaient ensuite quelques centaines de princes, voïévodes, dignitaires, marchant par trois et précédant le tzar. Au milieu d’une vaste plaine couverte de neige, l’artillerie, placée sur une plate-forme élevée, longue de deux cents sagènes, tirait au but et bombardait des fortifications en bois, recouvertes de terre ou construites en glaces. Dans les cérémonies ecclésiastiques Jean se montrait également à son peuple avec une magnificence surprenante ; il savait, par une feinte humilité, rehausser encore l’éclat de sa grandeur, et joindre aux pompes mondaines l’apparence des vertus chrétiennes. En même temps qu’il donnait aux grands et aux ambassadeurs des fêtes somptueuses, il distribuait de riches aumônes aux pauvres.

Gloire de Jean. Enfin il est à remarquer que, dans la mémoire du peuple, la brillante renommée de Jean a survécu au souvenir de ses mauvaises qualités. Les gémissemens avaient cessé, les victimes étaient réduites en poussière, des événemens nouveaux faisaient oublier les anciennes traditions, et le nom de ce prince paraissait en tête du code des